[CLOS] [Harper/Leslie] Tapage nocturne

Concrètement? Patience. J'avais appris à gérer le bruit, à gérer la nuisance et le son des balles mais les basses à travers les murs de briques? Pas mon trip. Mais j'avais appris à être patient, donc j'attendais. J'attendais dix minutes, trente, une heure, venu 22h30 j'entendais mon père tourner dans l'appartement. Ou alors était-ce les basses? Mon frère ne dormait pas, il en était incapable. Deux chambres, beaucoup de sommeil mais beaucoup trop de bruit.

Quand j'avais choisi cet appartement tout allait bien. Enfin à peu prêt. Le bruit du métro qui passait juste devant les fenêtres je pouvais le supporter et pour le prix qu'on m'en demandait je n'avais pas vraiment fait la fine bouche. Faut dire que à la base je devais être seul mais nous étions trois. Mon père perdait la tête et mon frère était trop jeune pour s'en occuper. J'avais pu profiter de mon appart peut être deux semaines avant de devoir capituler devant la raison. Mon père occupait la chambre secondaire, au moins il était tranquille, et nous occupions mon frère et moi la chambre la plus grande.  Il tournait et se retournait de son côté du lit et je restais assis, le dos collé à la tête du lit, le regard fixé sur le mur en face. Je me couchais généralement tard mais aujourd'hui nous avions fait pas mal de rangement dans tous les cartons qui peuplaient les murs et j'étais crevé.

Je me levais lorsque mon frère levait un regard blasé sur moi, rejoignant la pièce principale où mon père tournait en rond autour de la table basse. Il levait des yeux usés vers moi comme si je devais tout résoudre. Le devais-je? De toute façon j'étais trop fatigué pour me poser la question et en fait j'étais surtout énervé. Au dernier étage il n'y avait que deux appartements, le mien et celui de ma voisine, une blonde que j'avais vaguement croisé une fois. Je déboulais sur le pallier pieds nu, mon débardeur blanc et mon pantalon de survêtement noir sur le dos, et traversait la distance pour atteindre la porte. De chez moi j'entendais bien mais là c'était pire. Ça chantait, ça buvait, ça gueulait que ça buvait et ça buvait pour gueuler. En temps normal je me serais incruster pour les accompagner mais ce soir je jouais le rôle du vieux chiant d'en face. J'appuyais mon bras gauche sur le cadre, me frottant les yeux de deux doigts, et tambourinais du poing droit sur le battant de bois.

La porte s'ouvrait et je décollais mon front de l'encadrement de bois frais pour poser les yeux sur une petite blonde toute pimpante et joyeuse, secondée de prés par une brune au regard brumeux. J'étouffais ma gueulante dans ma gorge à la salutation passablement inefficace de la brune et manquait à nouveau le coche lorsque la blonde fit les présentations. Ça aussi de façon inefficace. Et puis l'autre lança un commentaire qui me passa au dessus, suivit par une réponse de la blonde et pendant ce temps moi je les fixais attendant le créneaux divin pour en placer une. Vu de l'extérieur je faisais vraiment le gros rabat-joie de base, je me le dirais surement le lendemain.

Qu'est-ce qu'elle pouvait faire pour moi? C'était simple. - Tu peux peut être commencer par baisser le son?- Je la fixais, manquant d'arguments sinon ma propre santé mentale. - C'est... - Je regardais mon poignet, j'avais pas de montre. - ... Pas si tard mais on s'entend même pas penser à côté.- Et je sais pas si c'était moi ou si c'était réel mais j'avais même peur de devoir parler plus fort pour me faire entendre, je m'entendais pas moi même. J'avoue, j'avais perdu de mon aplomb après la déconcertante participation de la brune éméchée. Faut dire que ça décontenance sur le coup. Cela dit, désolé de dévisser ton grand sourire ma jolie mais papi Leslie est dans la place.

Bienvenue au club. - Avais-je dis lorsque le barbu avait justifié ce bordel en annonçant qu'ils fêtaient les 21 ans d'un type. Tant mieux pour lui. Mais la musique avait été baissée et j’acquiesçais brièvement. Au moins ils n'avaient pas fait d'histoire avant de coopérer. - C'pas grave. C'est juste qu'on a bossé toute la journée et on est lessivé donc les basses... Ça tape sur les nerfs. - Monter des cartons de la cave au dernier étage, ouvrir les cartons, vider les cartons, ranger les cartons. J'en pouvais plus de ces cartons à la noix. Et du coup? J'avais plus vraiment de raisons d'être en colère et je me trouvais un peu con sur le palier dans cette tenue. C'était pour ça que je gardais mon calme, enfin que j'essayais, parce que ça met dans des situations ridicules parfois.

Pas gêné pour autant de quoi que ce soit je reculais d'un pas. - C'est sympa mais jvais rentrer. Et puis je suis clairement pas en tenue pour. Bon anniversaire à ton pote. - Avais-je lancé au métalleux et un sourire plus tard je tournais déjà les talons sur le sol froid et me dirigeais vers la porte entrouverte de l'autre côté du couloir.

La main posée sur la poignée de ma porte entrouverte j'avais la tête tournée vers la jeune blonde qui cherchait le bon argument pour me faire revenir. C'était quoi cette incitation à la dépravation? Elle savait pas que le twister ajouté à l'alcool, où l'inverse d'ailleurs, ça pouvait être très dangereux? J'avais rien dit tout du long, je l'avais laissé s'enfoncer sous ses arguments. J'étouffais un rire à sa main tendue et claquais la porte plutôt que de la passer pour retourner vers elle. On serait deux en pyjamas. Soirée à thème? - C'est bon, tu m'as eu à "rhum". - Je suppose que ma mission était accomplie, le volume avait effectivement été baissé, mon frère et mon père pourrait dormir, et c'est pas comme si je devais embaucher à 8h pétantes le lendemain matin...

Je traversais la distance et prenais sa main de façon assez protocolaire. - Leslie, enchanté. - Déformation professionnelle mais au moins je ne lui avais pas broyé les doigts. Faut dire que j'aurais pu, j'étais habitué à des poignées de main plutôt solides dans l'armée, parfois un peu trop si l'autre voulait écraser une quelconque opposition. Foutus mâles et leur recherche de domination. Je passais la porte. J'étais toujours pieds nus. Tant pis. Et puis je me sentais aussi obligé de préciser. - Et y'a pas de... copine. Juste mon frère et mon père.

Je haussais les épaules à sa surprise. Ouais, là-dedans. Son appartement était sensiblement disposé de la même manière, du moins les murs, mais à la symétrie. Bref elle avait dû se douter que trois personnes dans un appartement de cette taille c'était un peu compliqué. Enfin bref, je m'installais sur le canapé juste à côté de la brune qui m'avait accueilli en premier. Ça allait être fun tiens. J'acceptais néanmoins le verre de rhum-soda dans un sourire et en avalais une bonne gorgée. Enfin pour moi c'était une gorgée normale mais vu de l'extérieur... Cela dit la brune l'avait corsé son verre. J'avais l'habitude de bien doser mais là c'était pire. J'aurais peut être dû la surveiller quand elle me servait. De toute façon c'est pas comme si j'avais de la route à faire pour rentrer.

Il y avait plus de mon sur le balcon que dans l'appartement et plus de monde sur le balcon que le balcon ne pouvait probablement en soutenir, du moins légalement parlant et la conversation qui animait les esprits embrumés n'était autre que celle qui animait bon nombre d'esprit en ville et probablement sur Terre: les Aliens. Je pouvais pas être surpris et je sirotais mon verre sans participer. Je n'avais pas encore décidé si j'étais humain ou Alien maintenant alors discuter de ça serait peut être hypocrite d'une certaine manière. Et puis quelque part c'était gênant, un secret à porter. Personne ne savait vraiment ce qui c'était passé au Hancock center cette nuit-là. J'avais vu l'explosion depuis le toit. Je savais qu'on y avait envoyer une section d'intervention et que ça avait dégénéré parce que j'avais posé les bonnes questions aux bonnes personnes mais c'était confus. Et j'avais appris depuis l'autre côté du miroir à ne pas faire confiance aux médias. Pour autant je n'étais pas non plus partisan de spéculations sans fond ni but.

La réaction de Harper me tirait un sourire et je buvais une nouvelle gorgée. Au moment de l'explosion on aurait pu penser à une intervention officielle, un accident, mais depuis l'apparition des vaisseaux dans le ciel? On pouvait déjà voir dans la rue des vieillards à poil avec des pancartes "End of the world". Ils portaient les pancartes bien haut pour que tous le monde les voit alors imaginez la vue claire et dégagée vers des choses qui devraient rester cacher. Merci la promenade en ville. - On m'a dit qu'il y avait eu une intervention, des fédéraux ou des militaires, enfin un truc massif quoi, et que bah... Ça aurait mal tourné. - Autant garder les détails pour soit.  Les médias parlaient d'un poseur de bombe. Peut être était-ce la raison de ce raid? Je n'en savais pas plus que ça finalement.

Je me redressais sur le canapé lorsque l'un des types dégainais son téléphone avec une vidéo moins répandu. Tout le monde avait vu la vidéo, tout le monde avait vu ce qui s'était passé, mais celle-ci était une version longue, une version que je n'avais jamais vu, et lorsque je vis à l'écran le blond, LE blond, bouger cette échelle sans la toucher, je perdis momentanément le contrôle. Les bouteilles sur grande table un peu plus loin s'étaient mises à vibrer au fur et à mesure que j'avais regardé la vidéo et lorsque l'échelle avait bougé, lorsque Harper avait mentionné la télékinésie, l'une des bouteilles s'était tout bonnement renversée, emportant avec elle en un effet domino deux autres bouteilles presque vides et un gobelet.

Le son me rappelant à l'ordre je me renfonçais dans le canapé, contrôlant mon esprit. Ça faisait déjà quelques jours et à l'évidence je n'étais pas encore au point. Qui le serait? Je perdais mes moyens, je n'avais jamais perdu mes moyens comme ça. J'avais toujours su quoi faire et comment le faire. Quelle force employer pour sauter une haie, comment monter un flingue, quand arrêter de respirer lorsque je tirais... Mais là? Je n'avais pas le moindre indice pour savoir comment m'y prendre. La seule chose que je faisais c'était me reprendre lorsque je lâchais prise mais et si ça recommençait? Et si à ce moment-là je faisais plus que faire tomber une malheureuse bouteille? Et si je ne pouvais plus arrêter?

Les regards rivés sur moi me rappelaient à la réalité et je jaugeais l'audience avant de poser mon regard sur Harper. - Je ne crois pas à une mise en scène mais j'ai aussi du mal à croire que l'armée fasse des tests en zone civile, avec des choses aussi massives et à autant d'endroit à la fois. Quand bien même ils agiraient hors de leurs territoires sécurisés, ils ne feraient pas ça comme ça. - Non, ils n'iraient pas s'afficher aussi visiblement, surtout en sachant qu'ils n'ont pas l'autorisation pour faire ça. L'armée avait des zones sécurisées pour faire ses tests, pourquoi s’embêter à faire ça en pleine ville? - D'un autre côté les Aliens... C'est assez extraordinaire comme idée. Et en même temps il faudrait être un brin narcissique pour nier l'existence d'autres espèces vivantes dans l'univers alors bon... Pourquoi pas. - Bien sûr le "brin narcissique" n'était pas dirigé vers Harper. - Sinon y'a toujours l'option d'une attaque démoniaque contenue par une bande de sorciers? - Et je riais à ma mauvaise blague, pas convaincu une seule seconde d'être un Sorcier. Je préférais mon arme à une baguette magique. Si je faisais le point de ce que je savais et de ce que je ne savais pas, l'attaque Alien avait plus de sens qu'une série de tests militaire et c'était dérangeant. Étais-je un Sorcier? Un produit d'expérience? Ou un Alien? Aucune de ces options ne me plaisaient vraiment je dois dire...

Sentant la minuscule pointe d'agacement, je commençais à me dire que je devrais peut être mettre un peau d'eau dans mon vin. Ou plutôt de rhum dans mon verre. D'ailleurs je buvais une gorgée salvatrice alors que Harper remettait les bouteilles en place après sa tirade. Elle n'avait pas tort en soit, il n'y avait aucune preuve de quoi que ce soit. Je campais sur mes positions en ce qui concernait l'armée, j'en connaissais les méthodes et les protocoles, mais tous le reste était d'un flou absolue. Moi même j'étais le flou absolue. Regardez-moi, faisant tomber des bouteilles par la pensée. Affirmer la certitude serait de l'hypocrisie. Pire, ce serait se foutre de la gueule du monde.

Je posais mon verre presque vide alors que Jax revenait vers nous chargé de ravitaillement. Un train passer dehors et j'entendais les voix des convives sur le balcon alors que l'ombre de l'homme de la maison approchant rappelait mon attention.. Mon bras partit plus vite que mon cerveau, un réflexe, un vraiment bon réflexe et mes doigts se saisissaient du goulot de la bouteille avant qu'elle ne bascule et se renverse. Décidément les bouteilles ce soir avaient des soucis, c'est pas elles qui buvaient pourtant. - Tout va bien, elle est saine et sauve. - Avais-je dis dans un rire. Ne sacrifions pas l'alcool innocent, d'ailleurs c'était du rhum et je me resservais sans rien dire de plus. J'avais sauvé la bouteille en détresse, je pouvais au moins avoir ça.

Jax vidait son verre à l'appel des vingt et une minute et je tournais un regard interrogatif vers Harper qui s'expliquait après avoir avalé sa gorgée de bière. Intéressante tradition. - Dans ce cas... - Et c'est après avoir levé mon verre vers Jax que j'en avalais une bonne gorgée. On avait pas fait ça pour moi. Il faut dire que j'étais pas vraiment dans le coin à ce moment-là. On l'avait fêté cela dit, plutôt deux fois qu'une.

C'est après ça que l’interrogatoire commença. C'est sur j'étais le seul étranger dans la pièce alors il fallait s'y attendre. C'est en caricaturant le salut militaire, toujours assit, que je révélais d'abord ma profession. - Je suis militaire, dans la Navy. - J'avais pas honte de ça, j'avais pas non plus peur des réactions que ça pouvait provoquer. Entre ceux qui étaient contre la militarisation - parce que oui même ici ça arrivait - et ceux qui pensaient de suite que j'étais là pour les mettre en prison... Ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient, c'était pas mon boulot et j'avais probablement déjà fait la même chose avant. Et puis manière de pas laisser cette information en suspens, j'ajoutais mon âge. - Et j'ai 21 ans, alors bienvenue au club! Et vous alors? Parce que tout cet alcool doit pas se payer tout seul.

Je haussais les épaules, innocents, à la remarque de leur ami. Ils pouvaient parler de ce qu'ils voulaient, je n'allais pas m'en offusquer. La réponse de Harper ensuite me força à boire une nouvelle gorgée. Non, je ne savais pas tout, j'étais jeune et pas omniscient du tout mais j'en avais vu assez pour connaitre les protocoles. La réaction de la dénommée Lydia me mit un peu mal à l'aise, un peu plus. Oui, j'étais habitué à ce genre de réaction depuis le temps mais généralement je pouvais m'esquiver quand ça devenait trop insistant, comme là. D'ailleurs je profitais avec joie de l'intervention de Jax pour éviter de répondre et apprenait qu'il était étudiant en art pendant que Harper travaillait.

Harper qui d'ailleurs revint à moi, sans détour ni transition, sans même répondre à la question. - En perm. Mais avec ce qui se passe en ce moment ça risque de devenir un peu plus compliqué que juste "en perm". - Si quelque chose avait dû être fait, j'aurais été rappelé depuis des jours hors ce n'était pas le cas. Pire, je n'avais aucune nouvelles et c'était presque inquiétant. J'aurais dû avoir des nouvelles, ne serait-ce qu'un appel. Je notais dans ma tête d’appeler le lendemain, pour savoir, pour comprendre. En attendant je hochais vers Harper. - Et donc Qu'est-ce que tu fais toi pour nourrir toutes ces bouches??

Ah bah c'est cool ça. - Faut dire que les ordinateurs c'était pas vraiment mon truc. Je savais m'en servir mais sortit de l'antivirus gratuit, ou du bug lambda j'étais pas foutu de faire quoi que ce soit. Autant informatiquement qu'électroniquement d'ailleurs. En terme de mécanique je pouvais trouver mais l'électronique était un niveau au dessus que je ne maitrisais pas alors pour moi ce que faisait Harper était tout autant important et utile que ce que moi je faisais. Et puis chacun son boulot hein.

La joute verbale entre Jax et Harper me tirait un sourire alors que j'avalais une nouvelle gorgée. C'était amusant. Peut être un peu frustrant pour Harper par moment je supposais mais ça restait amusant pour moi. Et puis comme auparavant elle revint à l'armée et à moi et j'en venais à douter de pouvoir détourner la conversation. - Honnêtement on ne m'a rien dit. Mais je connais les protocoles, je connais les habitudes de fonctionnement de l'armée, c'est pour ça que je doute vraiment que ce soit des tests ou des essaies. En fait c'est même pour ça que je doute que l'armée soit responsable de tout ça. - Peut être plaçait-il trop de foi en l'armée mais il s'en tenait à ce qu'il savait et à son expérience.

Je lançais un sourire à Harper lorsqu'elle me demandait pour la durée de la période de permission et finalement je haussais les épaules. - A la base je devais repartir dans deux semaines mais avec ce qui se passe on peut me rappeler à tout moment alors bon, je me tiens prêt. - Pour dire vrai je me demandais même pourquoi on ne m'avait pas déjà rappelé depuis que la crise était arrivée. Pourquoi l'armée n'était-elle pas mobilisée? J'étais sur qu'il n'y avait aucun tests ou aucun mouvement militaire dans l'apparition de ces appareils mais alors pourquoi l'armée restait-elle si silencieuse? Avais-je tort? - Et j'oeuvre là où on m'appelle. Dernièrement j'étais au Mexique.

Jax enchaînait sur de nouvelles questions sur le pourquoi de mon engagement et je réfléchissais un instant avant de répondre. Je ne souhaitais pas vraiment leur parler de la véritable raison, celle liée à mon prénom, à mon besoin de prouver ma masculinité. Je n'avais plus honte de mon prénom, je n'étais tout de même pas alaise avec ce ressenti. Fierté masculine oblige. - Par choix personnel. Je me suis engagé dés la fin du lycée et j'ai jamais regretté.

J'écoutais attentivement ce que disait Harper. Alors elle avait voulu s'engager elle aussi? Ou peut être avait-elle seulement tenté le coup, pour voir? Je ne la connaissais pas assez pour le dire et je ne pouvais pas lui en vouloir si c'était le cas. La vie militaire était quelque chose de très particulier. Je sentais le sérieux dans la voix de Harper et les moqueries des deux autres, je dois bien l'avouer, m'avais quelque peu agacées. La blonde avait du caractère, c'était clair, et elle les remettait à leur place, c'était déjà un bon point. - Ouais, et puis ces vieux militaires n'ont pas encore accepté le fait que les femmes sont tout autant valables que les hommes. Parfois plus. Vous êtes bien plus dure que nous. - Entraînez un homme à gérer la douleur, il tiendra. Entraînez une femme et elle tiendra encore plus avant de vous le faire payer au centuple. J'avais toujours vu cette différence entre homme et femme. L'homme pouvant mieux gérer les blessures extérieures mais plus difficilement les douleurs internes alors que les femmes pouvaient tenir des heures de contractions. Torturer une femme en plus d'être d'une lâcheté sans nom était clairement du suicide. Cela dit elle avait raison, il n'y avait pas de femmes dans mon unité. D'ailleurs maintenant que j'y pensais, seuls les hommes étaient admis chez les Seal's.

Lorsqu'elle s'était levée, bouteille à la main, j'avais hésité. Etait-elle sérieuse? Allait-elle vraiment lui écraser cette bouteille sur la tronche? Ou était-ce juste une manière pas subtile pour lui faire comprendre qu'il allait trop loin cachée derrière un humour clairement trop léger? Elle fonçait, ne regardant pas à l'effort pour l'atteindre, et elle basculait, prise dans mes jambes. La bouteille juste devant elle, si elle se brisait elle pourrait faire de sérieux dégâts et je tendais déjà les bras pour la rattraper mais c'est mon esprit qui fut le plus rapide. Harper se stabilisa en pleine chute, peut être une seconde, le temps pour mes mains de l'agripper et lui éviter la chute. J'avais perdu le contrôle, encore, un foutu réflexe, comme à la salle d'entrainement. S'en était-elle rendu compte? Les autres? Devais-je combler le vide? Faire comme si de rien n'était? Oui, j'allais faire ça. - Tu devrais faire le tour si tu veux lui faire tâter de cette bouteille, conseil d'ami.