Camille Bovet : Gardane

Cue the training montage

Camille savait qu'il faudrait du temps. Du temps pour s'habituer à ses pouvoirs. Du temps pour s'habituer aux USA. Du temps pour s'habituer à tous les évènements qui l'entouraient. Mais le soucis, c'est qu'il lui semblait de plus en plus que du temps, elle en avait pas. Après la soirée avec Eric, il était clair qu'elle était en retard, qu'elle ne contrôlait rien.
Elle était tombée deux fois dans les égouts en rentrant. Deux fois ! Et une fois elle s'était retrouvée dans la chambre d'en-dessous - vide heureusement. Ce n'était pas drôle. Ce n'était pas vivable. Il fallait qu'elle fasse autre chose que d'être la petite fille apeurée, la réfugiée perdue de New York. Il fallait qu'elle se bouge.

La première chose qu'elle avait fait, c'est d'aller courir. Tester ses nouvelles limites. Eric avait raison en cela qu'ils étaient plus rapides, plus agiles. La jeune fille se sentait un peu comme une sur-femme, à pouvoir faire des choses que personne d'autre ne pouvait faire. Son passage au mur d'escalade du Windy City Wall et l'utilisation des machines n'avait fait que le prouver un peu plus. Après ça, elle a passé la journée au fitness, à tester ses limites, tenter de les surpasser, à s'entraîner physiquement pour ce qui était à venir. Parce qu'elle sentait dans ses tripes que quelque chose venait.
La rouquine avait aussi contacté Les, réussi à demander au militaire de l'aider à s'entraîner, en préparation de quelque chose. Sans vraiment trop savoir ce que cette chose était. Mais autant les sports d'extrêmes pouvaient être utiles pour la fuite, autant si elle devait se battre elle aurait besoin d'un peu plus. Et la suissesse savait que ses pouvoirs étaient là pour une raison. Spiderman et Captain America se battaient bien pour quelque chose. Si Eric les appelait les Mutants, c'était pour une raison.

Mais au delà de l'aspect physique, pour retrouver un semblant de normal dans sa vie, il fallait qu'elle puisse maîtriser un minimum ses pouvoirs. Histoire d'arrêter de se retrouver dans des eaux vaseuses remplies de on-ne-veut-pas-savoir ou de se retrouver sous le lit au réveil, ou alors dans une autre chambre. Il fallait qu'elle trouve ce qui la faisait passer à travers les murs, ce qui poussait son corps à devenir intangible. Et c'était franchement pas gagné.
Le fait est qu'elle pensait toujours un peu à autre chose, chaque fois qu'elle passait à travers les choses. En tout cas, il était certain d'une chose : elle ne pouvait rien emporter mis à part ses habits. Que ce soit simplement par pur chance (parce que bon, avouons qu'elle n'avait pas la plus grande envie de se retrouver à poil dans les égouts, c'était déjà assez dégueu d'avoir de l'eau puante jusqu'au genou) ou à cause d'un autre instinct pudique qui lui permettait de garder que certaines choses matérielles, elle n'en était pas certaine. Quoiqu'il en soit, elle devra probablement se concentrer pour prendre avec elle quoi que ce soit de plus que ce qu'elle avait sur elle dans ses moments de phase.

La première difficulté fût cependant de trouver un endroit tranquille où elle pouvait s'entraîner. Autant le Windy City Wall lui permettait de tester ses nouvelles aptitudes physique sans trop attirer l'attention, autant tenter de passer à travers les murs c'était tout de suite plus compliqué à faire en publique. La rouquine serait probablement restée dans la chambre qu'elle partageait avec sa coloc' relativement absente, mais il y avait le soucis du "je passe à travers le sol" qui faisait qu'elle se retrouverait probablement dans la chambre d'en-dessous. Qui était légèrement plus peuplée. N'ayant donc pas envie de se faire repérer bêtement, il lui fallait un nouvel endroit.

Le fait était qu'il lui fallait un endroit tranquille où elle pouvait aller, avec assez de murs et un sous-sol (parce qu'une peur primale en elle faisait qu'elle pensait pouvoir rester bloquée et étouffer dans la terre s'il n'y avait pas un étage pour la protéger) pour s'entraîner tranquillement. Et trouver ce genre d'endroits n'était vraiment pas simple, surtout qu'elle refusait de demander de l'aide. Et qu'elle n'avait pas vraiment d'argent. Et la solution fût quelque peu lugubre.
Un caveau du cimetière à trois étages. Le rez, et deux sous-sols remplis de tombes. Charmant.

En faite, elle est tombée dessus par hasard, sur un forum d'explorateurs de rue qu'elle avait consulté dans l'espoir de trouver un bâtiment désaffecté qui remplirait ses besoins. Et apparemment, la tombe restait ouvert et les gens n'y allaient que rarement, simplement parce que c'était un peu creepy.
C'était donc parfait et Camille pourrait toujours prétendre être un de ces explorateurs de rue si on la retrouvait là-bas. Et vu que la famille à qui ce caveau appartenait était morte depuis perpète, sans aucun descendant pour les pleurer, la famille ne viendrait pas se plaindre à quiconque et la police ne venait de toute fa4on pas au cimetière. surtout pas en ce moment.

C'était donc un endroit assez calme, un peu trop calme même, et même si elle a passé une fois à être pendant deux heures en compagnie d'un squelette avant de pouvoir ressortir de la tombe de la même manière qu'elle y était entrée (en devenant intangible, forcément), et malgré les quelques bleus à force de tomber sur un sol ou un cercueil depuis l'étage du dessus, elle s'améliorait.
Elle avait trouvé ce qui la rendait intangible, pouvait à présent contrôler son pouvoir assez pour ne pas passer à travers des trucs accidentellement. Il fallait simplement qu'elle imagine cette sensation de rien, comme si son corps n'existait plus. Un peu cette même sensation que l'on peut avoir, juste avant d'avoir des fourmis, comme si un de nos membres s'était endormi. Et en parlant de fourmis, elle les ressentait juste avant de devenir intangible et juste après.
Camille ne sait pas trop pourquoi elle ne passe plus accidentellement à travers les bouches d'égouts, mais quelque part elle se dit que c'était la façon qu'avait son pouvoir de se manifester et de la forcer à le maîtriser. Comme si c'était une entité à part. Non pas qu'elle soit spirituelle, mais elle avait du mal à comprendre la science derrière les faits. Mais tant qu'elle arrêtait de se retrouver dans des situations embarrassantes, ça lui allait.

À partir de là, elle n'allait plus dans le caveau. Ça ne lui était plus utile, elle arrêtait d'avoir des accidents. Mais elle se demandait toujours si elle ne pouvait pas aller plus loin. emporter des choses ou des gens avec elle. Réussir à ne se rendre que partiellement intangible. Et là, elle préférait s'entraîner dans sa chambre. Passer à travers la chaise ou le lit n'était plus aussi grave que de passer à travers tout le sol.
Mais là, si la rouquine avait plutôt rapidement réussi à conquérir son intangibilité accidentelle et totale, concentrer le tout dans une partie de son corps lui semblait bien plus ardu et compliqué. Même si elle comprenait la sensation, ce qui la poussait à activer son pouvoir, elle n'arrivait pas à l'appliquer à un simple point.
La réponse à ce problème était en réalité qu'elle était en train de résoudre le mauvais problème. En effet, elle s’entraînait à passer une main à travers un objet qu'elle tenait en main, mais ne se rendait pas compte que sa concentration était mal placée. Vu qu'elle se concentrait sur l'objet... c'était lui qui devenait intangible.

C'était par accident que Camille se rendit compte qu'elle rendait les choses intangibles, simplement en traversant le mur sur lequel elle s'était adossée à la renverse, puis remarquant que la balle qu'elle tenait n'était pas restée de l'autre côté, contrairement aux autres fois. Et à partir de là, avec un peu d'expérimentation, la jeune suisse comprit qu'elle pouvait prendre les objet avec elle, tant qu'elle se concentrait un peu sur leur existence au moment d'entrer en phase.
à partir de ce moment-là, il était clair qu'elle devait se concentrer sur autre chose pour essayer de se rendre partiellement intangible, si vraiment c'était possible. Et donc, au lieu de se concentrer sur un objet ou sur une des parties de son corps, elle décida de tenter de se concentrer sur la sensation de fourmillement dans la partie voulue de son corps.

À vrai dire, ça marche. Plus ou moins. elle ne le maîtrise pas encore tout à fait, parfois elle laisse encore des objets de l'autre côté du mur, parfois elle se rend encore totalement intangible plutôt que partiellement, et si elle le fait trop de fois à la suite c'est un mal de tête assuré, avec parfois un saignement de nez pour faire bonne mesure. Mais c'était un début. Et ça devrait être assez pour le premier combat qui l'attendait.